L’ART ABORIGENE, UN ART PREMIER CONTEMPORAIN….

L’art aborigène australien est une extension des rituelles pratiqués durant les cérémonies, avec des symboliques représentant le Temps des Rêves, période de la création durant laquelle des êtres fondateurs se sont déplacés sur la surface de la terre, encore non façonnée à cette époque. Les aventures de ces ancêtres font état de voyages, conflits, combats, relations amoureuses et autres considérations. Au travers de ces récits un certain nombre de préceptes et de règles de la vie en société sont établis. Leurs déplacements physiques ont également façonné le paysage actuel, créant par endroits un lit de rivière, une colline, un trou d’eau, etc…Ces lieux sont autant de preuves de l’existence de ces êtres fondateurs.

Sans aucune écriture, les aborigènes ont su conserver cette culture au travers de chants et de cérémonies, propres à une tradition orale.

Ces récits de la création étaient à l’origine transcrits sur la roche de lieux sacrés, sur les corps humains durant les cérémonies ou sur des armes, boucliers ou autres objets sacrés. De grandes « peintures » sur le sol étaient également réalisées durant certaines cérémonies à l’aide de sable, d’ocres, de plumes, d’herbes et d’autres supports. Ces « peintures » se retrouvaient effacées par les danseurs.

C’est cet art, omniprésent pour les aborigènes tout au long de leur vie, que Geoff Bardon, alors professeur dans le désert central d’Australie début des années 1970, a fait renaître sur des supports modernes transportables et non éphémères, en stimulant les aborigènes à peindre sur toiles pour la première fois de leur vie.

Une véritable révolution provoquée par ce visionnaire, qui a permis aux aborigènes une grande reconnaissance culturelle et contribue aujourd’hui clairement à l’image globale de l’Australie.

Ce sont ces récits de la création que vous avez la chance de contempler sur toiles, ces voyages épiques des êtres fondateurs, leurs sites visités et leurs visions spirituelles qui sont symbolisées au travers de ces œuvres magnifiques et remplies de significations qui ne nous sont pas accessibles, car non-initiés.

Cet art représente, purement et simplement, l’âme de cette culture ancienne !

Pratiquement l’ensemble de l’art aborigène est relié au paysage. Certaines peintures sont pratiquement des cartes géographiques, suivant les pistes chantées, chemins parcourus par les êtres créateurs durant le Temps des Rêves – JUKURRPA en langue WARLPIRI (période de la création du monde).

L’art aborigène a également une dimension spirituelle et sociale, car ces ancêtres fondateurs ont bien entendu laissés un certain nombre de règles de vie et d’enseignements tout au long de leurs périples.

N’oublions pas la dimension politique, plus actuelle celle-ci, car l’art permet aux aborigènes de démontrer leur relation avec leur territoire, relation ancestrale. De cette façon ils ont pu prouver leur appartenance à plusieurs zones géographiques qui leur ont été maintenant restituées de plein droit.

Mélissa Napangardi

Wardapi Jukurrpa

Ce rêve raconte l’histoire d’un groupe de Karnta (femmes Warlpiri) assises en cercle lors d’un campement. Un homme du mont Théo, du nom de peau Japangardi, appelé Wamaru, s’est approché des femmes. Il voulait prendre une fille du mauvais nom de peau, une Nungarrayi. Il a pris la femme Nungarrayi, nommée Yurlkurinyi, et est monté sur la colline où ils ont fait l’amour.

Puis la terre s’est changée en Ngunjungunju (ocre jaune et blanc) et l’homme, ainsi que toutes les « karnta » (femmes) furent changées en « wardapi » (goannas).

L’ocre est toujours trouvé au sommet de la colline et est utilisé aujourd’hui pour la magie de l’amour et pour les cérémonies.

Zarissa Napangardi Michaels

Lappi Lappi Jukurrpa (Lappi Lappi Dreaming)

Lappi Lappi est un point dans la roche près du Le lac Hazlett, à environ 90 km au nord-ouest du lac Mackay en Australie occidentale. Le pays appartient aux groupes de noms de peau Nampijinpa/Jampijinpa et Nangala/Jangala.

Situé dans un bassin abrité, le trou dans la roche à Lappi Lappi est une source d’eau permanente, et est entouré par un pays riche en broussailles. À l’époque du Jukurrpa (Temps des rêves), de nombreuses mères avec de jeunes enfants s’y rassemblaient parce que c’était un endroit sûr.

Lappi Lappi abrite un « warnayarra », un serpent arc-en-ciel qui voyage sous terre entre divers trous de roche. Un jour, des femmes se sont réunies à Lappi Lappi avec leurs enfants, en chantant et en dansant. Lorsque le « warnayarra » a entendu le son des voix, il s’est alors dirigé silencieusement vers eux, sous l’eau. Quand il a atteint le bord du trou dans la roche, il est sorti de l’eau et les a tous mangés.