Papiers découpés –
Des découpages comme une invitation au voyage,
Aux multiples vagabondages,
De tissages en paysages, d’images en mirages,
Une autre forme de langage.
Au début de l’année 2008, mon histoire personnelle m’a conduite, de façon inattendue et mystérieuse, à
découper du papier, puisant dans des sources personnelles d’inspiration.
Autodidacte, j’ai une grande curiosité depuis toujours pour le monde des arts et de la culture,
particulièrement le spectacle vivant, la musique et la littérature.
Une feuille de papier, quelques traits de crayons pour définir des zones, des directions, des limites, je
découpe chaque détail au cutter sans esquisse préalable. Puis intervient la superposition des feuilles
découpées, dans un travail dont toute matière adhésive est volontairement exclue.
S’emmêlent dans un paradoxe mouvant, goût du secret et désir de dévoiler, dans une technique où chaque
geste de coupe est irréversible. Le découpage est une curieuse technique, où les repères sont, au gré du
regard, dans la matière absente ou dans la matière restante.
Je réalise au cutter ce que le crayon ou le pinceau ne me permettent pas. La matière papier et l’outil sont
adaptés à ma pensée et à ma main. Ils me permettent dans le même tempo vibrations improvisées, écritures
appliquées et géométries imparfaites, variations du plus au moins noir, du plus au moins découpé, des
graphismes les plus simples aux plus sophistiqués.
Parfois j’en tisse les chutes, tout d’abord les petites bandes de papier issues des créations précédentes et
méticuleusement triées et conservées. En 2014, pour répondre à un appel à projet du Moulin du Got (87),
j’ai exploré le tissage de chutes d’imprimerie récupérées dans les bacs de recyclage d’imprimeurs normands.
Le travail de tissage continue en contrepoint, avec des chutes différentes.
Ces créations naissent d’une succession d’expérimentations, de recherches de formes, de transparences et de
superpositions, souvent dans la lenteur, parfois dans la compulsion, de façon aléatoire ou spontanée, comme
une suite de variations. Naturellement le travail de série est apparu, le changement d’un seul paramètre
donnant une identité graphique différente à chaque oeuvre. Découper le papier continue de me surprendre, et
me permet de traduire des pensées, des impressions, des émotions. C’est une activité monastique qui exige à
la fois de la lenteur et du rythme, de la concentration et de la dissociation.
Dans mon atelier avec vue sur le jardin, la musique est omniprésente, classique ou contemporaine,
symphonique ou minimaliste. Elle donne le rythme à la main, le tempo du travail.
Un découpage à peine terminé en entraine un suivant, puis un autre…déclinaisons multiples, d’une identité
métissée.